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Du marketing à la comédie : « Parler de mon désir de reconversion m’a libéré »

C’est installé dans les jardins du Palais-Royal, à deux pas de la Comédie Française, que Camille Loroux (i) nous a parlé de sa reconversion en tant que comédien. Entretien avec un homme épanoui, qui a osé changer de vie pour endosser le rôle de ses rêves ! 

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Quand avez-vous décidé de faire de votre passion artistique un travail à temps plein ? 

Camille Loroux: Je travaillais depuis cinq ans dans le marketing digital comme responsable de contenu. J’étais plutôt doué et je m’entendais bien avec mes collègues. Mais je n’étais pas heureux et me posais beaucoup de questions. Ce que je faisais manquait de sens à mes yeux. Alors, à la fin d’une période d’essai pour un nouveau job qui n’a pas aboutie, j’ai saisi l’occasion. À 35 ans, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de ne pas avoir de regret. Je me devais de laisser une chance à cette passion artistique que j’avais depuis longtemps et que je refoulais par crainte de ne pas y arriver. Parler de mon envie de reconversion à mes proches m’a libéré. Et j’ai eu la chance d’être soutenu par ma famille dans ce changement de vie. 

Quel a alors été votre parcours pour devenir comédien ? 

C. L.: Dans une vie précédente à Londres, j’avais déjà pris des cours de théâtre le soir pendant trois ans. L’expérience m’avait beaucoup plu. Mais à l’époque, j’avais la vingtaine et – en plus d’être timide – j’avais du mal à m’imaginer quitter une situation professionnelle stable et confortable. Cette fois-ci, je me suis lancé à fond. Rapidement, j’ai intégré une école de théâtre. Durant deux ans, je me suis formé intensivement pour me professionnaliser. Nous avions surtout des cours d’interprétation pour apprendre à incarner un personnage dans le respect des conventions théâtrales. J’y ai pris énormément de plaisir. À côté, j’ai enchaîné les figurations, les petits rôles… J’ai aussi beaucoup travaillé dans un parc d’attractions. 

« Je me suis formé intensivement pour me professionnaliser » 

Quels sont les principaux défis auxquels vous avez dû faire face lors de cette reconversion ? 

C. L.: Le premier a été de surmonter mes propres doutes. Changer de vie du jour au lendemain est perturbant. J’ai dû faire un gros travail sur moi pour accepter l’idée que j’étais enfin à ma place. Ensuite, j’ai dû vite trouver du travail. D’une part, parce que je n’avais plus de salaire fixe ; d’autre part, car il fallait que je fasse les heures nécessaires pour devenir intermittent du spectacle et assurer mes arrières. Quand vous arrivez dans le milieu, personne ne vous attend. Il m’a fallu chercher sans relâche des contrats, me démarquer. Ça n’a pas été facile mais je suis fier d’y être parvenu. Au-delà de l’aspect artistique, il y a aussi une partie administrative qu’il ne faut pas négliger. Quand on se lance comme comédien, on devient une sorte d’entrepreneur. 

À quoi ressemble votre vie de comédien aujourd’hui ? 

C. L.: Depuis que j’ai fini ma formation en juin 2024, je travaille tous les jours. Même quand je n’ai pas de contrat. Je m’entraîne sur ma technique vocale, je réponds à des annonces de casting – via les réseaux sociaux, des newsletters… – pour des films, des spectacles, des agences d’événementiel, des escape games… J’entretiens également mon réseau, lequel est primordial. J’ai d’ailleurs créé un collectif qui réunit des anciens de ma formation. Avec eux, j’ai réalisé un court métrage. Nous avons aussi un projet de pièce de théâtre qui nécessite des répétitions régulières. À côté, nous organisons des rencontres avec des directeurs de casting, des réalisateurs… Se fédérer entre comédiens permet de s’entraider et de se créer des opportunités. 

Quel regard portez-vous sur votre reconversion ? 

C. L.: Je n’ai pas le moindre regret. L’irrégularité des missions n’est pas évidente à vivre tous les jours, mais ça vaut le coup. Aujourd’hui, je me sens libre et épanoui. Quand je revêts mon costume de comédien, je n’ai pas l’impression de travailler. Je m’amuse. Je vis mon rêve. Sentir les émotions des gens est extraordinaire. J’ai la chance de faire un métier magnifique, très humain.

 (i) Le nom a été modifié 

 

Et si c’était votre tour de changer de vie ? 

Vous hésitez à franchir le pas pour vivre votre passion artistique ? Avant tout, soyez « conscient des réalités du métier », conseille Camille Loroux. Puis, « rigueur et persévérance sont indispensables. Mais surtout, osez ! Croyez en vous, formez-vous sérieusement et donnez-vous les moyens de réussir. À la clé, il y a bien plus qu’un métier : il y a la possibilité de vivre pleinement votre rêve. » 

Vous avez un projet de reconversion professionnelle, nous pouvons vous accompagner avec le Conseil en évolution professionnelle (CEP) ! 

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