Métiers du spectacle
« Le son, c’est mon terrain de jeu » : Benjamin Silvestre, ingénieur du son pour le cinéma
Chef d’équipe, artisan du détail et fin technicien, Benjamin exerce un métier discret, mais essentiel : ingénieur du son. Un rôle à la fois physique et sensoriel, entre technologie et sens de l’écoute.
Passionné de son depuis le lycée, Benjamin Silvestre se destinait initialement à la sonorisation de concerts. Mais son passage en BTS audiovisuel, option son, au lycée des Arènes à Toulouse, change la donne. « J’y ai découvert le monde du cinéma, que je ne connaissais pas du tout. C’est une professeure spécialisée en documentaire qui m’a transmis le goût de la prise de son à l’image », se souvient-il.
Du BTS à la prise de son cinéma : un parcours ancré dans le terrain
Après ce BTS, il poursuit avec une licence et un apprentissage sur le terrain, enchaînant les stages en tant qu’assistant-son sur des longs-métrages et des téléfilms. « C’est en pratiquant qu’on apprend vraiment ce métier. Être sur les tournages, voir les autres faire, tester soi-même : c’est ce qui m’a permis de progresser », partage Benjamin.
Aujourd’hui, Benjamin est intermittent du spectacle. Il alterne entre tournages intenses et périodes de préparation. « Une journée sur un plateau, c’est en moyenne dix heures, parfois beaucoup plus selon les contraintes artistiques ou logistiques », décrit-il.
Il travaille en équipe, avec au moins un assistant perchman. « Mon rôle, c’est de choisir les micros, de les positionner, de mixer les différentes sources sonores et de garantir leur bonne captation », explique-t-il. Un métier qui demande à la fois concentration, patience et endurance. « Il faut savoir rester focus tout en gérant les imprévus techniques et les longues attentes », commente Benjamin.
Un métier de réseau, qui repose sur la confiance
Dans l’univers du cinéma, les candidatures classiques sont rares. « Le bouche-à-oreille, le réseau, jouent un rôle énorme. On est souvent recommandé par d’autres techniciens », confie Benjamin. Pour démarrer, il conseille de multiplier les projets, y compris bénévoles, pour apprendre et élargir son réseau. « Plus tu travailles avec de nouvelles personnes, plus ton univers s’élargit », affirme-t-il.
Rester à jour dans un métier en évolution constante
Depuis ses débuts en 2011, Benjamin a vu les outils évoluer, mais les fondamentaux, eux, restent les mêmes. « Quand je suis arrivé, le passage de l’analogique au numérique avait déjà eu lieu. Les caméras étaient déjà numériques », se souvient-il. Aujourd’hui, il travaille avec des enregistreurs de plus en plus performants et des logiciels capables de nettoyer les pistes sonores en quelques secondes.
« Certains outils, ce sont comme des logiciels de retouche photo pour le son : on visualise les fréquences, on sélectionne ce qui gêne, et on l’efface », explique-t-il. Des technologies bluffantes… mais qui peuvent parfois induire un certain relâchement. « Comme tout peut théoriquement être “rattrapé” en postproduction, on respecte parfois un peu moins le son sur le plateau. » Or, conclut-il, « le meilleur son, c’est celui qu’on capte dès la première fois ».
Se former au métier d’ingénieur du son pour le cinéma
Plusieurs voies permettent d’accéder au métier d’ingénieur du son dans le cinéma. Le BTS audiovisuel option son constitue une excellente porte d’entrée pour acquérir les bases techniques. Il peut être complété par des stages ou une poursuite d'études.
Deux écoles publiques font référence dans le secteur :
La FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), réputée pour sa formation à la fois artistique et technique, avec un concours d’entrée en plusieurs étapes ;
L’ENS Louis-Lumière, reconnue pour sa rigueur technologique et sa spécialisation dans les métiers de l’image, du son et de la photographie.
Dans tous les cas, l’expérience de terrain reste essentielle pour progresser : les tournages, même bénévoles, permettent d’apprendre le métier.